C'était hier !
Reprises de 3 anciennes pièces de Yuval Pick pour Faits d'hiver 2018.
Après sa création Acta est
Fabula au Théâtre national de Chaillot, Yuval Pick proposait la reprise de 3
pièces plus anciennes dans le cadre du festival Faits d’Hiver : Playback,
Eddies, et Loom.
# Playback.
Playback de 2010, est une
pièce pour 3 interprètes, 2 hommes et 1 femme, construite à partir de fragments
de grands classiques de Bach que lancent les danseurs eux-mêmes à partir d’un
Ipod posé sur le plateau. Au sol un quadrilatère blanc définit une ‘aire de
jeu’ sur laquelle vont évoluer les interprètes. Ici tout est affaire de poids
et d’équilibre dans cette manière de composer des sculptures mouvantes à deux
ou trois, où l’un n’est rien sans l’autre. Il y a aussi quelque chose de la
métamorphose animale ou faunesque dans ces formes vivantes que créent les danseurs
par l’agencement de leurs corps.
Loom.
Pour Loom, deux danseuses
débutent face à face. Leurs respirations synchrones les amènent dans un
mouvement constant d’ondulation de tout le corps partant du haut passant par le
torse, puis le bassin jusqu’aux jambes. On suit, totalement fasciné, la colonne
d’air qui parcourt le corps dans toute sa verticalité. Les bras restent
neutres. Les danseuses ne se lâchent pratiquement jamais des yeux même
lorsqu’elles se déplacent, faisant cause commune dans ce travail d’inspiration
et d’expiration, créant ainsi de leurs deux corps et entre leurs corps, un
espace élastique, mouvant, perceptible par le spectateur. Parfois la partition
musicale se superpose à la chorégraphie puis disparaît laissant de nouveau
entendre la respiration des danseuses qui dessinent leur partition commune avec
son rythme, ses contrepoints, ses inflexions. Une pièce remarquable et
époustouflante à bien des égards.
Eddies.
Eddies termine la soirée avec
4 interprètes de noir vêtus, plongés dans une atmosphère crépusculaire. Sur une
partition musicale sombre et ‘bruitiste’ deux femmes et deux hommes vont
déployer une danse énergique et tendue faite de traversées qui viennent
trancher l’espace, le découper. Les corps sont souvent dans des positions
d’extension renforçant cette impression de tension et d’éclat comme la taille
d’une pierre précieuse. Une pièce forte et prenante qui vient à point clôturer
une belle soirée.
Vu le 30 janvier au Théatre de la Cité internationale.