Voyage au bout de l’ennui de Sylvère Lamotte

Avec son Voyage au bout de l’ennui, Sylvère Lamotte nous apprend que l’ennui est comme un nuage auquel on peut donner la forme que l’on veut.

Voyage au bout de l'ennui de Sylvere Lamotte
Voyage au bout de l’ennui © avoiretadanser

A la suite des pièces Ruines, Les Sauvages, L’echo d’un Infini et Tout ce fracas, on n’attendait pas forcément le chorégraphe du côté de la facétie joyeuse avec ce Voyage au bout de l’ennui, une pièce à destination d’un jeune public à partir de 6-7 ans (mais les adultes y trouveront aussi leur compte). Voyage au bout de l’ennui, la dernière création de la compagnie Lamento nous convie avec espièglerie et délectation à renouer avec notre imaginaire d’enfant. Et c’est une belle réussite.

La pièce débute par un prologue durant lequel le chorégraphe, relatant son expérience d’enfant, fait un plaidoyer pour l’ennui. En attente du retour de celui-ci parti chercher un livre de Christian Bobin pour y puiser une citation qu’il souhaite partager avec son public, les interprètes de la compagnie qui nous ont fait penser au Club des 5 de la bibliothèque verte de notre enfance, assis collés serrés sur une même table, gagnés par un ennui partagé, commencent à se mettre en mouvement : les jambes battent la mesure tout d’abord, puis leurs corps tout entier s’animent. Qui n’a pas connu ces moments de flottement où, gagné par l’ennui, le corps s’agitant ostensiblement, nos parents nous lançaient un “arrête de gigoter” péremptoire. Avec son Voyage au bout de l’ennui, Sylvère Lamotte nous montre au contraire que l’ennui peut-être une véritable source de création et que le corps y a toute sa place.

L’imagination au bout du voyage.

C’est ainsi que par la magie de glissements de gestes en gestes, de portés en portés, de déséquilibres en chutes, notre club des 5 (+1 avec le chorégraphe) nous emmène durant 50 minutes à la découverte de mondes imaginaires enchâssés les uns dans les autres comme le sont les poupées russes, détournant la fonction première des objets comme ces ustensiles de cuisine volants, jouant sur différentes temporalités avec un repas dansé en slow motion prétexte à solos et duos dansés eux à vive allure.

S’amusant avec trois fois rien, et surtout avec les corps portés et déplacés, lancés et emmêlés pour faire advenir des univers parallèles, Voyage au bout de l’ennui séduit par sa danse pimentée de facéties et de drôleries, hautement recommandable et recommandée pour nos enfants et les enfants que nous sommes, espérons-le, un peu restés au fond de nous.

Voyage au bout de l’ennui vu à l’Etoile du Nord Théâtre le 7/12/2022 festival flip flap jeune public.
Chorégraphe : Sylvère Lamotte
Danseu.ses.rs : Carla Diego, Gaétan Jamard, Caroline Jaubert, Jean-Charles Jousni, Jérémy Kouyoumdjian, Sylvère Lamotte.

Site de la compagnie Lamento

photo : @ filipf.o.t.o / avoiretadanser

A propos des autres créations de Sylvère Lamotte lire nos articles sur Tout ce fracas et l’Echo d’un Infini.