L'Echo d'un infini, dernière création de la Cie Lamento.
Comment l’infini pourrait-il se
rejouer dans sa répétition alors qu’il n’est pas même achevé ? C’est tout
le paradoxe du titre de la dernière pièce de Sylvère Lamotte qui pourtant agit
comme une évidence, emportés que nous avons été par sa toute beauté.
Sur un plateau nu baigné d'une unique lumière diaphane, cette dernière création
s’articule autour de trois duos dont deux reposent sur un écart générationnel énoncé
et revendiqué par le chorégraphe. Mais réduire la pièce à ces seuls duos serait vain. Car à partir d’eux, d’entre eux (comme on dirait d'entre les morts),
d’autres configurations font jour. D’autres tentatives d’être ensemble ou
d’être tout court. Et comme autour de cette flamme vacillante, seul élément de décor de la pièce, dans la pénombre
d’une grotte ou sous un ciel étoilé, les six interprètes reviennent se tenir, figures
hiératiques et éternelles, ou alanguies et fragiles. Où cela fut et où cela sera, ils partent
à leur rencontre, se cherchent, se touchent, se portent et se soutiennent, tout à la
fois St Christophe, Atlas ou Pietà, sans distinction de genre et d’âge et comme
traversant l’histoire. La danse de Sylvère Lamotte lit-on souvent explore la danse contact. Il faut entendre par là que c’est une
danse du contact, de
la surface, de l’épiderme. Et ce soir-là nous avons pu sentir à quel point
chaque centimètre carré de notre peau était riche de tous ses possibles, passés
et à venir. Un autre paradoxe qu'il faut bien reconnaître...
Vu le 16 février 2019 à l'Atelier de Paris-CDCN.