Alice Ripoll et James Batchelor au Centre Pompidou

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En partenariat avec le festival ArtDanthé, le Centre Pompidou présentait au sein des collections du Musée les performances de chorégraphes à suivre assurément : la brésilienne Alice Ripoll et l’australien James Batchelor.

aCORdo d’Alice Ripoll & la cie REC.

acordo d'Alice Ripoll au centre pompidou
aCORdo d’Alice Ripoll © avoiretadanser

Signalons en premier lieu que cette pièce aCORdo est signée de la chorégraphe brésilienne Alice Ripoll et dansée par la compagnie REC. Dans une des salles d’exposition, fermée pour l’occasion, les spectateurs viennent prendre place sur un pourtour de chaises, dispositif inhabituel dans le cadre d’une performance au musée. Deux interprètes habillés de blouses ou bleus de travail sont allongés contre une des cimaises dans des postures de dormeur. Ils sont par la suite rejoints par 2 autres danseurs qui prennent appui sur les corps de leurs camarades pour entamer également une sieste. Peu à peu, les appuis se modifient et les corps sortent de leurs repos respectifs pour atteindre la mi-hauteur et trouver enfin leur verticalité. Chacun des danseurs entame alors une danse personnelle avant de se porter puis se déposer à tour de rôle sur les genoux des spectateurs qui font ainsi l’expérience de prendre soin, comme un bien précieux, de cet autre qui lui est étranger. Cet échange et cette intimité entre les corps, ceux des danseurs et des spectateurs, va prendre une nouvelle tournure lorsque les 4 interprètes vont se saisir des objets divers que les spectateurs ont avec eux, là un sac, ici une paire de lunettes, ailleurs une écharpe, pour les redistribuer de manière aléatoire auprès d’autres spectateurs, chacun acceptant la perte de son bien et sa redistribution auprès d’inconnus.

Au-delà de l’inquiétude première, chacun se prête au jeu et des sourires entendus se dessinent sur les visages. D’autant plus que les danseurs vont également gardés avec eux certains des objets prélevés dans l’assistance : portables, montres ou bijoux dans les poches, sacs à main en bandoulière, brouillant ainsi de plus en plus les pistes pour suivre les trajets des biens prélevés. Jusqu’à cet ultime moment où ils viennent se placer face à la cimaise libre, mains aux murs, jambes écartées mimant un contrôle de police. Il faudra un temps aux spectateurs pour comprendre qu’il leur revient de quitter leur confort assis s’ils souhaitent récupérer leurs biens et cela en accomplissant des gestes habituellement dévolus à la seule police.

On assiste alors à cette scène surréaliste où chacun vient rapporter à son propriétaire ce qui ne lui appartient pas, et/ou part à la recherche de son bien dans l’obligation de faire les poches de nos quatre pseudo pickpockets. C’est un peu l’histoire de l’arroseur arrosé. La pièce prend fin, permettant enfin la sortie des danseurs, avec le dernier objet récupéré par sa/son propriétaire. C’est tout en finesse que cette performance, à travers une participation tout à fait singulière du public, interroge notre rapport à l’autre, notre capacité à l’empathie, à la confiance et plus globalement souligne combien nous sommes assurément soumis à des représentations qui relèvent du social et du politique. Et c’est tout à l’honneur de la chorégraphe de nous le rappeler le temps d’une danse.

Lire notre article sur Zona Franca d’Alice Ripoll. 

Deepspace de James Batchelor.

James Batchelor, danseur et chorégraphe Australien, proposait une performance très différente avec un duo baigné d’étrangeté. La pièce fait suite à l’expédition du chorégraphe sur un navire d’exploration de l’Antarctique durant 2 mois : « En tant que chorégraphe, c’était un environnement particulièrement unique et inspirant pour étudier et faire des recherches sur le corps ». C’est cette expérience qu’il restitue avec cette performance filmée le 21 avril au Centre Pompidou >.

https://vimeo.com/333388314

2 performances vues en avril 2019 au Musée du Centre Pompidou dans le cadre du festival Artdanthé.