Hard To Be Soft – A Belfast Prayer de Oona Doherty.
A quelques semaines d’intervalle Oona Doherty aura présenté 3 de ses pièces à Paris confirmant l’intérêt grandissant porté à cette jeune chorégraphe. Avec celle présentée ce soir-là en partenariat avec l’Atelier de Paris – CDCN au Théâtre de la Bastille on retrouvait l’univers déjà entrevu au Centre Pompidou avec Hunt & The Ascension of Lazarus à savoir une danse puissante et nerveuse.
Sur le plateau une énorme structure qui
a des airs de cage aux fauves. C’est d’abord à l’avant-scène qu’on découvre un
premier tableau : 3 jeunes hommes encapuchonnés émergent à peine de la
pénombre semblant attendre autour d’un braséro. S’agit-il de petits malfrats en
attente d’un mauvais coup ? de chômeurs désœuvrés ? Immédiatement
notre imaginaire est convoqué devant cette scène énigmatique avant l’entrée en
scène de Oona Doherty qui se présente en tenue masculine baggy et les cheveux
plaqués en arrière. Sur une bande son constituée de bruits, paroles et
invectives diverses, elle double et mime de sa danse ce qu’on entend :
fragments de scènes empruntes de violences, d’insultes, de deal, de lutte et de
mort. Sa danse est à l’image de ce collage sonore faite de ruptures et de
fulgurances.
C’est à l’intérieur de l’immense
structure que se déroule le tableau suivant, non sans avoir été précédé de la
voix d’une femme qui nous dit combien, lorsqu’on vit dans le dénuement, être « bien
sapée » peut permettre de trouver un (meilleur) travail. Témoignage bref
mais poignant qui permet de comprendre cette dizaine de jeunes danseuses hyper
lookées qui déroulent alors une chorégraphie inattendue mais combien efficace.
Enfin après un dialogue conflictuel, en
voix off, entre un père policier et son fils, entrent 2 hommes aux allures de
déménageurs qui refont vivre ce dialogue entendu précédemment dans un corps à
corps tout d’abord viril avant de s’abandonner à une tendresse toute naturelle
entre un père et son fils alors qu’est projetée une vidéo monumentale de ces
mêmes corps en arrière scène.
Avec une belle économie de moyen, une
danse âpre, et dans un format (trop) court, la jeune chorégraphe fait entrer la
rue sur le plateau et entendre la parole de ceux qu’on entend si peu souvent en
cet endroit de la danse.
Vu le 11 avril 2019 au Théâtre de la Bastille.
Teaser par ici >
