Fenomeno de Laura Simi

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Laura simi dans Fenomeno
Fenomeno, Laura Simi © avoiretadanser

Fenomeno de Laura Simi débute dans la pénombre. La chorégraphe et danseuse est au fond du plateau, dos au public. Une voix diffuse un élément biographique de la danseuse : une date, 1977, la rencontre avec un médecin décrit comme gentil ; il y est question d’appareillage auditif.

Laura Simi danseuse formée au côté de Martha Graham, Alvin Nikolais ou encore Kazuo Ohno est malentendante. Dans ce solo Fenomeno, elle va danser devant nous son rapport ambigu et complexe aux sons : danser contre eux mais aussi avec eux. Le dispositif scénique dans lequel aura lieu cette danse est sophistiqué car il doit rendre compte de cette difficulté : enceintes de toutes tailles réparties sur le plateau, des micros, une caisse de batterie, et pour seul dispositif lumineux, néons et rampes de LED. Tout un tas de fils relie ce dispositif, constituant un réseau comme une toile d’araignée au sol et en hauteur.

C’est donc dans ce dédale que se développe une danse avec laquelle la chorégraphe semble lutter, une danse sèche et abrupte pour nous faire entrer dans son univers comme cette séquence où le visage à hauteur d’une caisse de batterie elle vient scruter de son oreille les vibrations que lui renvoie la peau tendue. Si danser c’est peut-être d’abord danser sur un rythme que l’on peut entendre, qu’en est-il lorsque ce monde sonore fait défaut ? A quoi peut donc s’accorder le rythme du corps, à quelle pulsation ?

Laura Simi quittera le plateau en posant au sol ses appareils auditifs non sans avoir disposé dans les mains de spectateurs de petites enceintes qui continuent de diffuser une musique égrenant quelques notes apaisantes, presque une comptine, éloignée de la bande son âpre entendue durant la durée de la pièce. 

Fenomeno de Laura Simi vu le 30 octobre dans le cadre des festivals ZOA et Signes de Printemps au Regard du Cygne.