Seconde Nature de Fabrice Lambert

  • Post category:chroniques

Seconde Nature de Fabrice Lambert : une nature en fusion.

La pièce commence dans la pénombre, les corps soudés proches du sol qui se redressent, dans un léger halo de fumée comme un brouillard qui se dissipe. L’un des danseurs muni d’une lampe de poche éclaire sa camarade qui danse tout en tournant autour d’elle. On n’y voit pas grand chose mais on y voit tout de même des fragments de corps, du noir, des ombres portées, la découpe de la silhouette, le halo blanc de la lampe électrique.

Fabrice LAMBERT Seconde nature
Seconde Nature © Alain Jul

C’est un peu comme le prologue de ce qui va suivre et qui nous prépare à cette chose très particulière dans cette pièce : celle de la rupture, du cut, du trou noir, y être ou pas, car en permanence les quatre interprètes entrent, et sortent du plateau pour y revenir presque aussitôt, se retrouvent et s’échappent aussi vite, sont tour à tour dans le faisceau des images projetées, dans le noir ou entre les deux, sans que nous spectateur puissions appréhender une logique qui nous serait rassurante. Mais ils le font avec toute la vigueur et l’énergie d’une danse qui fend, tranche, jette sur fond d’images projetées : d’abord un ciel sombre zébré d’éclairs, puis des paysages où la couleur semble couler le long de l’écran. 

Jacques Perconte, plasticien et auteur de vidéos et de films expérimentaux a conçu ces images projetées et la bande sonore qui les accompagne, sculptant ainsi un paysage visuel et sonore âpre, un continuum de matières en fusion avec lequel dialoguent les corps déployant une vitalité sismique.

Avec Seconde Nature, Fabrice Lambert offre ainsi un objet unique où la scénographie n’est pas juste au service de la chorégraphie, mais joue à égalité avec la danse afin de produire in fine un flux de matières vivantes questionnant notre rapport à la nature.

Jusqu’au 18 octobre au Théâtre de la Ville / les Abbesses.

Distribution : Lauren Bolze, Vincent Deletang, Hanna Hedman, Fabrice Lambert.