Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa

Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa a fait l’ouverture de saison du théâtre de Chaillot. C’est la 2eme collaboration après la pièce Vessel du chorégraphe franco-belge Damien Jalet et du plasticien japonais Kohei Nawa .


Le titre de cette création, Planet [wanderer], sonne comme une redondance. En effet le terme planet partage sa racine grecque avec le terme désignant l’errant. Wanderer ne dit pas autre chose puisqu’on peut le traduire par vagabond, sur la route, sans domicile, etc. C’est donc sous ce double sceau qu’il faudra lire ce spectacle.

Planet [wanderer] de Damien Jalet débute par une obscurité totale plus longue qu’à l’accoutumée. Au bout de longues minutes, un faible halo lumineux découvre comme une terre brulée, un sol qui aurait été recouvert de scories volcaniques et/ou de sable noir. Sous une pluie minérale, un corps émerge peu à peu des entrailles de cette terre sans soleil ni horizon et va rejoindre dans une demie pénombre ce qui apparaît comme un golem de glaise et qui se révèle être un amas de corps que constituent les 7 autres interprètes.

Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa
Planet [wanderer] © Rahi Rezvani

Se dispersant sur le plateaux, les 8 danseurs rejoignent chacun une excavation dans lesquelles ils plongeront jusqu’aux genoux pour un premier tableau d’ensemble. Les pieds ainsi soudés par la magie du katakura, fécule de pomme de terre japonaise qui se solidifie, plantés là dans le sol, les corps ploient comme des roseaux mais ne cèdent jamais, ondulent comme des poissons, se contorsionnent et reprennent plus ou moins leur verticalité. Il y a quelque chose du culbuto dans ces corps contraints, à la manière de ces jouets qui, quoi que l’on fasse, se redressent immanquablement. Tout cela est assez beau, quoique un peu long. 

Puis s’échappant de leur gangue les danseurs vont enchainer d’autres tableaux : une danse en miroir, au dessin très ornemental, un dessin de vagues au sol qui l’est tout autant, un final qui voit les danseurs retourner à leur immobilité respective sous une nouvelle pluie de katakura qui les fige dans une nouvelle éternité (?). Ainsi donc une succession de tableaux nous montrent une belle maîtrise des effets de matière, de la scénographie, de la bande son pour produire un univers fort.

Pourtant on s’est un peu ennuyé devant cette beauté qui manquait du “piquant” nécessaire pour nous tenir en haleine. C’est effectivement un spectacle qui convoque des images fortes dans un format écran large. Mais trop parfait plastiquement, la danse semble s’absenter d’elle-même. Certes, Il y a du mouvement mais cela suffit-il à en faire un spectacle de danse réussi ?

Planet [wanderer] de Damien Jalet et Kohei Nawa, vu le 23/09/2021 à Chaillot.