Transverse Orientation de Dimitris Papaioannou

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Nous étions impatients de découvrir le chorégraphe Dimitris Papaioannou avec sa dernière création, Tranverse Orientation, qui fut acclamée à la Biennale de la danse de Lyon et programmée à Paris par le Théâtre de la Ville hors les murs au Théâtre du Châtelet.

Le Théâtre du Châtelet possède le cachet des théâtres du XIXème siècle avec ses dorures, sa coupole, ses sièges aux velours pourpres. Nous pourrions ajouter sa place tout à fait singulière dans l’histoire de la danse du début du XXème siècle puisqu’il vit passer sur sa scène les Ballets russes dès 1909 et les plus prestigieux compositeurs de l’époque.

Pour autant notre expérience de spectateur en ce lieu ne fut jamais totalement satisfaisante car trop d’incertitude sur les conditions de visibilité. Comment vivre pleinement un spectacle de danse lorsqu’un tiers du plateau vous reste inaccessible visuellement en raison de la place que vous occupez à l’étage dans la corbeille ? Imaginerait-on une projection  dans un cinéma où un tiers de l’écran serait occulté ? Il en fut ainsi pour nous à la création de Papaioannou qui, s’il fallait poursuivre la métaphore avec le cinéma, propose ici un pièce dans une version cinémascope à l’écran extra large. Donc point de salut si vous n’êtes pas placés dans l’axe central de la scène. C’est donc en tenant compte de ces conditions de visibilité partielle que nous tenterons de dire quelques mots de Transverse Orientation.

Les hybridations de Dimitris Papaioannou.

Transverse Orientation, Dimitris Papaioannou
Transverse Orientation © Julian Mommert

Alors oui il fut possible malgré tout d’entrapercevoir des êtres, de noir vêtu, aux corps longilignes surmontés de petites têtes s’escrimant entre échelles et néon qui nous firent penser au monde des Shadoks de notre petite enfance. Un taureau minotaure nous a paru constituer, peut-être, le fil rouge de la pièce, chevauché souvent par des hommes nus mais également par une jeune femme (telle Europe enlevée par Zeus ?).

Notre regard a croisé des créatures hybrides, comme dans les tableaux de Garouste, et l’anamorphose d’une Vierge à l’enfant, en Vénus de Botticelli, donnant naissance à un enfant monstre. Nous avons vu des hommes tenter désespérément de construire une île de parpaings blancs comme des blocs de pierre jetés à la mer pour bâtir une jetée sur laquelle prendre pied ; puis démonter une grande partie du plateau pour y révéler l’eau qui s’y cachait dessous et qu’enfin un homme tente de vider cette mer rendue visible, en vain bien évidemment.

Soit une série de grands tableaux qui semblent faire la part belle à une forme d’hybridation narrative et plastique aux multiples références mythologiques et picturales. Sans aucun doute à revoir dans de meilleures conditions.

Transverse Orientation vu le 09 septembre 2021.
Visuel : Transverse Orientation © Dimitris Papa