(A bonnes ?) Distances, la dernière création de Ashley Chen au festival Faits d'hiver.
capture vidéo @ Ory Meuel Minie |
Peu à peu à partir de gestes, répétés, presque mécaniques, de séquences de déplacements en boucle, les situations se juxtaposent, se télescopent et se transforment sans cesse, les relations et les distances entre les danseuses font de même épousant toute la gamme de proximités possibles entre individus, du lointain au proche jusqu'au toucher. C'est foisonnant, étrange, voire drôle quelques fois et ça ne s'arrête jamais comme le monde qui est le notre. Car tout cela est de nous et nous appartient. Des courses comme des fulgurances viennent aussi ramasser les situations les plus improbables dans un même espace.
Pour conforter cette vague incessante d'actions qui se déposent par couches successives, ou lui donner d'autres horizons d'interprétation, la bande son réalisée par Pierre Le Bourgeois dessine des paysages sonores constitués d'enregistrements réalisés au cours de voyages : voix, chants, bruits urbains divers sont là pour renforcer l'expérience du spectateur que le chorégraphe souhaiterait comme un voyage psychédélique. On comprend mieux alors la diffusion de Atom Heart Mother des Pink Floyd daté de 1970 durant l'entrée en salle des spectateurs. Le voyage (halluciné ?) auquel nous sommes conviés débute donc avec cette pièce du psychédélisme musical comme une porte d'entrée dans cet étrange univers de situations et d'actions simultanées, déplacées et condensées (comme le fait aussi le travail du rêve) qui se dissolvent, altérant notre perception d'un monde qui reste tout de même un peu le nôtre.
vu à l'Atelier de Paris/CDCN + bord de plateau le 22/01/2022.
Conception et chorégraphie : Ashley Chen
Interprétation : Alexandra Damasse, Olga Dukhovnaya, Peggy
Grelat-Dupont, Catherine Legrand, Haruka Miyamoto, Andréa Moufounda,
Solène Wachter, Magali Caillet-Gajan, Pauline Colemardet Flora Pilet