Les AMAZONES de Marinette Dozeville, une utopie en marche.
Lorsque le public entre dans la salle, les 7 danseuses sont déjà présentes au plateau, totalement nues. Elles s'affairent à des poses diverses, se croisent, se sourient, mangent quelques fruits, pommes ou raisins, qu'elles recrachent presque aussitôt avec malice. Le sol est jonché de ces restes épars. La nature semble avoir ici repris ses droits. Cela ressemble un peu à un petit paradis qui ne serait habité que par des femmes.
Au début de la pièce, il y a cette ligne en fond de scène où, se tenant par les bras, les danseuses alternent mouvement du haut du corps comme on peut le voir dans le krump et mouvement du bassin comme celui d'une danse du ventre. Tout est dit dans ce jeu entre puissance et douceur et toute la pièce conjugue et tisse ces deux éléments en permanence. La bande son alterne de la même manière la voix puissante de la rappeuse sud-africaine Dope Saint-Jude et celle plus apaisée de la comédienne Lucie Boscher lisant des extraits de Agrapha de l'autrice Luvan.
C'est
à la lecture du livre de Monique Wittig, Guérillières, que Marinette Dozeville qui
s'intéresse aux représentations féminines laissées pour
compte s'est attaquée à celles de ces AMAZONES, affirmant avec sa chorégraphie pour un collectif de danseuses toute la puissance de la sororité.
Vu au Carreau du Temple le 02/02/2022.
Conception et chorégraphie Marinette Dozeville. Interprétation
Léa Lourmière, Elise Ludinard, Florence Gengoul, Frida Ocampo, Delphine
Mothes, Lucille Mansas, Dominique Le Marrec.