Mille et une danses de Thomas Lebrun

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Les Mille et une danses de Thomas Lebrun : un concentré jubilatoire de danse en 1h45.

Mille et une danses de Thomas Lebrun
Mille et une danses © Frédéric Lovino

Prévue en 2021 pour fêter les 20 ans de la compagnie du chorégraphe et pensée comme une ode à toutes les danses traversées durant ces décennies et aux interprètes qui ont accompagné Thomas Lebrun, Mille et une danses (pour 2021), la dernière création du chorégraphe, directeur du CCN de Tours, arrive enfin à Paris au Théâtre de la Danse de Chaillot jusqu’au 9 avril après un détour par Montpellier en septembre 2021.

Il est rare de voir une pièce chorégraphique de cette longueur annoncée, soit 1h45. Sans doute le projet lui-même de danser mille et une danses, l’exigeait. Et on ne le reprochera pas à Thomas Lebrun qui signe ici une pièce enthousiasmante.

Sur le plateau nu, les quinze interprètes, dont Thomas Lebrun lui-même, plus quelques invités compagnons de route magnifient, dans un flux continu de configurations en solos, duos, groupes restreints ou grand groupe, la danse sous toutes ses formes : de l’abstraction épurée à l’expressionnisme, du cabaret à la danse festive, de la danse tribale à la non danse, convoquant aussi en creux les grandes figures historiques qui ont accompagné le chorégraphe comme Trisha Brown, Pina Bausch, Nijinsky et quelques autres.

Bousculer les hiérarchies.

Mais bien loin d’être un précis d’histoire de la danse pour initiés, Mille et une danses (pour 2021), vient plutôt battre en brèche les hiérarchies malgré tout bien établies entre interprètes et chorégraphe, entre corps jeunes et plus âgés, entre danses savante et populaire. Cette pièce est avant tout un hommage, une déclaration d’amour aux interprètes présents sur ce plateau et à ceux qui ne le sont plus tout à fait devenus eux-mêmes chorégraphes et souvent pédagogues. 

Ce projet, Thomas Lebrun l’a voulu intergénérationnel et nous montre l’extrême richesse et beauté de corps différents. Ainsi à chaque représentation et selon le lieu où elle se donne, un.e invité.e (surprise) ouvre la pièce dans un solo de quelques minutes avant d’être rejoint.e par les danseurs de la compagnie. Ce soir là c’est Christine Bastin qui ouvre le bal sur le grand plateau. Durant le déroulé de la pièce d’autres invité.es viennent ainsi seuls danser de courts intermèdes et comme ouvrir une nouvelle grande séquence dans ce Mille et une danses.

Une épopée dansée et émotionnelle.

Le chorégraphe dit de sa pièce qu’il “l’envisage comme une épopée dansée et émotionnelle. Un marathon des sensations, des façons et des réceptions. Une ode à la diversité et à la mixité, chorégraphiques et humaines. Une encyclopédie vivante, dansée et performative, où autant de danses définissent autant de transmissions, du rire aux larmes, de l’humour au sensible, du questionnement au goût de l’autre.”

Tout est danse, et fait danse, dans Mille et une danses, d’Elvis Presley à Beethoven, de Laurie Anderson à Mozart, des Doors à Purcell. Une mix tape improbable qui nous invite à danser à en oublier presque qu’il y a malgré tout à l’œuvre sous nos yeux tout l’art d’un grand chorégraphe et d’interprètes brillants.

Mille et une danses de Thomas Lebrun vu le 6/04:2022 à Chaillot. Avec  Antoine Arbeit, Maxime Aubert, Julie Bougard, Caroline Boussard, Raphaël Cottin, Gladys Demba, Anne-Emmanuelle Deroo, Arthur Gautier, Akiko Kajihara, Thomas Lebrun, Cécile Loyer, José Meireles, Léa Scher, Véronique Teindas, Yohann Têté.