_P/\RC _ _ _ un projet de la cie Shonen. Parc d’Eric Minh Cuong Castaing est une proposition chorégraphique de danse inclusive qui réunit danseurs, enfants en situation de handicap et robots téléguidés sur la grande scène du Théâtre du Châtelet.
La première fois où nous avons eu connaissance du travail du chorégraphe Eric Minh Cuong Castaing et de la compagnie Shonen ce fut à l’occasion de l’exposition Formes de vie que lui consacrait le BAL l’hiver dernier. L’exposition proposait une série de films conçus comme des situations chorégraphiques mettant en scène des danseurs et des adultes en situation d’empêchement, après un long travail en atelier dans une institution de soins spécialisée proche de Marseille (lire notre article ici). Le projet présenté sur la scène du Théâtre du Châtelet avec le Théâtre de la Ville hors les murs prolonge l’exposition du BAL mais en reprenant cette fois-ci un travail engagé auprès d’enfants.
_P/\RC _ _ _ réunit sur un même plateau des enfants en situation de handicap moteur, les danseurs de la compagnie, des robots de téléprésence téléguidés à distance par des adolescents également en situation de handicap, les accompagnants des enfants, les parents et les spectateurs. Tous, sans hiérarchie, sont réunis sur cette scène aménagée comme une grande aire de jeu et invités à déambuler ou s’asseoir au plus près de ces situations chorégraphiques longuement travaillées en amont avec les enfants mais également n’en doutons pas avec les accompagnants / soignants et bien sûr les parents des enfants.
Danser avec des robots.
Une première danse met en scène des robots téléguidés à distance par des adolescents et les danseurs. Par l’intermédiaire d’une camera, les adolescents ont une visibilité du plateau et sont en interaction directe avec les danseurs permettant ainsi l’expression de petites danses à deux ou a plusieurs. Le robot téléguidé devient comme une extension de celui qui le manipule. On peut lire le témoignage de No Anger participante au projet dans le livret de salle à propos de son rapport au robot téléguidé : “Je lui prête ma voix et des émotions ; en retour, le robot augmente les possibles de mon corps ; dans ce corps-à-corps avec la machine, je ne disparais pas. (…) Je suis là et je ne disparais pas.”
Des corps augmentés.
Les danseurs ont cette même fonction lorsqu’ils prennent dans leurs bras les enfants en situation de handicap. Extensions de ces petits corps empêchés, ils jouent et dansent avec eux des situations qui ont déjà été traversées dans des ateliers en amont. Comme l’écrit le chorégraphe “augmenter le geste d’un enfant, c’est créer une relation complexe avec lui : rester à l’écoute du mouvement quel qu’il soit, sans tomber en servitude.” Car il s’agit non pas de faire à la place mais de s’accorder à l’intention du mouvement de l’enfant, le prolonger, l’augmenter pour en développer son éprouvé. Et les enfants manifestent leur plaisir avec évidence, même ceux qui ne participent pas directement à la performance.
Peu à peu le plateau se reconfigure, se charge d’une intensité joyeuse où chacun peut y trouver sa place. Une danse des robots accompagnée des premiers applaudissements indique la fin de cette performance tout à fait inédite où la fragilité des corps placée au cœur du projet n’est pas occultée.
Il convient de saluer le Théâtre du Châtelet qui a commandé ce projet en partenariat avec le Théâtre de la Ville et le Lieu Unique à Nantes. Ainsi que l’ensemble de la compagnie Shonen (de la scénographie aux lumières en passant par le régie technique) qui a œuvré à la réalisation d’un véritable projet artistique.
Parc d’Eric Minh Cuong Castaing vu à la Générale le 30 septembre 2022 au Théâtre du Châtelet.
