The collection de Alessandro Sciarroni.

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Avec The collection Alessandro Sciarroni revisite FOLK-S.

On se souvient avoir découvert la pièce du chorégraphe italien Alessandro Sciarroni en vidéo sur internet et nous en étions restés estomaqués. La pièce créée en 2012 s’appelait alors FOLK-S will you still love me tomorrow ? Elle montrait 6 danseurs, dont le chorégraphe, exécutant une danse tyrolienne, le Schuhplattler, jusqu’à épuisement selon la formule annoncée en prologue : la pièce prendrait fin avec le départ du dernier spectateur ou l’abandon par épuisement du dernier danseur.

The Collection, Alessandro Sciarroni
The Collection, Alessandro Sciarroni © Marc Domage

Depuis, FOLK-S a beaucoup tourné et s’est modifié également avec le temps. Alessandro Sciarroni a revisité cette pièce ancienne avec l’idée d’en fixer certaines phrases chorégraphiques. C’est cette version qui est ainsi proposée dans le cadre de la programmation du festival d’Automne, avec les excellents danseurs du ballet de l’Opéra de Lyon déjà rompus au travail du chorégraphe depuis Turning_Motion Sickness. The Collection est devenue une pièce plus écrite avec de grands déplacements dans des configurations extrêmement variées, explorant tout d’abord la forme circulaire en rosace puis différentes modalités d’alignements, les bords du plateau, se scindant en plusieurs groupes de danseurs qui peuvent aussi se tourner le dos.

Danser jusqu’à lépuisement.

On pourrait penser que la répétition d’une même phrase chorégraphique pendant environ 1h30 suscite l’ennui. Or il n’en est rien pour les spectateurs qui acceptent l’expérience de rester dans la salle jusqu’à la fin du spectacle. La répétition instaure une forme d’état contemplatif et méditatif. Finalement il n’y a rien d’autre à voir que ce qui se donne dans l’instant, soit le geste lui-même, ses variations possibles, et la relation entre danseurs que l’on suit avec empathie.
Si une première partie de la pièce se fait sans accompagnement musical, la seconde se poursuit sur une sélection musicale extrêmement variée et la chorégraphie prend des allures de joyeuse “battle” entre interprètes qui peu à peu abandonnent le plateau. On ne sait d’ailleurs plus, et peu importe, ce qui est écrit et ce qui relève d’une certaine liberté laissée aux interprètes qui semblent s’amuser de leur épuisement mutuel.
C’est sur un duo de deux interprètes face à face que prend fin la pièce, dans un abandon et une sortie de scène communs, peut-être comme un clin d’œil au titre original: will you still love me tomorrow ? 

The Collection, chorégraphie Alessandro Sciarroni, musique Pablo Esbert Lilienfeld, lumières Rocco Giansante, costumes Ettore Lombardi. Avec le Ballet de l’Opéra de Lyon.

Spectacle vu au 104_Paris le 28 septembre 2022.

Visuel : The Collection, Alessandro Sciarroni © Marc Domage