Welcome et la ventriloquie désopilante de Joachim Maudet.
Dans Welcome, ça parle en moi.
Le public entre en salle et découvre, devant un grand drap blanc, trois interprètes
immobiles, à l'arrêt, figés dans une action suspendue. Deux
femmes et un homme portant un identique maillot à col roulé jaune canari fixent du
regard le public qui s'installe. Une fois cela fait, ils débutent un
dialogue, qu'ils adressent tout autant à eux-mêmes bien que leurs regards ne se croisent jamais,
qu'aux spectateurs présents, énumérant les prénoms des dits
spectateurs, saluant les uns, fêtant l'anniversaire d'une autre. Chacun
peut alors se retrouver dans cette liste à la Perec.
Ce qui surprend immédiatement ici est qu'ils ne parlent pas de cette manière que l'on pratique habituellement : ils parlent sans remuer les lèvres en utilisant la technique de la ventriloquie. Mais ici nulle marionnette dont fait usage le ventriloque habituellement. Chacun est sa propre marionnette et met son corps en mouvement dans une économie de moyens, avec des gestes d'une lenteur extrême, déconnectés de toute finalité pratique. Le regard toujours grand ouvert fixé en direction du public, le trio installe une étrangeté burlesque à partir d'une forme de dissociation entre le lieu d'émission de la parole, la banalité du propos et une gestuelle sans finalité particulière, mais également entre regardeurs et regardés. Etrange dialogue que le leur qui semble procéder par associations tel le cadavre exquis cher aux surréalistes.
Ce qui surprend immédiatement ici est qu'ils ne parlent pas de cette manière que l'on pratique habituellement : ils parlent sans remuer les lèvres en utilisant la technique de la ventriloquie. Mais ici nulle marionnette dont fait usage le ventriloque habituellement. Chacun est sa propre marionnette et met son corps en mouvement dans une économie de moyens, avec des gestes d'une lenteur extrême, déconnectés de toute finalité pratique. Le regard toujours grand ouvert fixé en direction du public, le trio installe une étrangeté burlesque à partir d'une forme de dissociation entre le lieu d'émission de la parole, la banalité du propos et une gestuelle sans finalité particulière, mais également entre regardeurs et regardés. Etrange dialogue que le leur qui semble procéder par associations tel le cadavre exquis cher aux surréalistes.
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Welcome © avoiretadanser |
Faire danser la langue.
Dans un second temps, collé serré au centre du plateau, le trio entame un ballet de langues au rythme de percussions brésiliennes, comme un contrepoint du tableau précédent. Nous avons pensé au Manifeste de la danse ciselante d'Isidore Isou qui proposait de faire de l'œil l'élément central d'un ballet dansé. Ici, ce sont les langues des interprètes qui deviennent l'élément central d'un ballet loufoque : à l'unisson ou chacune suivant une partition propre aux instruments de la samba. Du vibratoire de la ventriloquie, le trio est passé à une danse rythmique de l'organe même de la parole, dévoilant encore une fois ici le potentiel comique d'un détournement de situation ou la langue "s'externalise" en quelque sorte et voit sa fonction première déplacée.